2ème ESO
NOUVELLES
HISTOIRES PRESSEES
Bernard FRIOT
ASTICOTS
Je m’ennuyais, oh
comme je m’ennuyais
! Papa avait invité tous les gens importants de l’usine et il
m’avait obligé à assister au dîner. Quand je suis entré dans
le salon, il m’a présenté en disant : « Et voici votre futur
patron ! » Parce que l’usine
lui appartient, et elle sera à
moi quand je serai plus grand. En attendant, je m’ennuyais
à mourir. Ils parlaient tous de choses qui ne m’intéressaient
pas, que je ne comprenais même
pas. Alors, j’ai été content quand papa m’a demandé
d’aller chercher la salade. J’avais mal aux jambes à
force de rester assis sans bouger.
Je
suis allé à la cuisine.
Tout était préparé sur une table roulante ; Il y avait une petite
coupe en cristal pour chaque invité, avec des feuilles de salade,
des crevettes et des amandes grillées pour décorer.
En voyant les
coupelles de salade, tout à coup, je ne sais pas pourquoi, j’ai
pensé aux asticots. Aux asticots pour la pêche que
je conserve dans le Frigidaire, derrière le pot de fromage blanc.
J’ai sorti la boîte du Frigidaire, j’ai ôté le
couvercle et j’ai glissé un
asticot dans chaque coupelle de salade.
Ensuite, j’ai
poussé la table roulante jusqu’à la salle à manger. J’ai
servi les invités et je me suis assis. Après, je
ne me suis plus ennuyé. J’ai regardé comment ils se
débrouillaient avec leur asticot. C’était
très intéressant. Sauf papa. Il n’arrêtait pas de
parler. Il a avalé sa salade et
son asticot sans rien remarquer.
Mme Dumont, la
secrétaire de direction, a failli s’étouffer quand elle a
aperçu la gentille petite bête qui se tortillait au milieu
des crevettes. Mais elle est maligne. Elle a regardé à droite,
elle a regardé à gauche et, pfuit ! de la pointe de son couteau,
elle a expédié l’asticot
le plus loin possible. NI VU NI CONNU.
M. Lechansu, le
chef comptable, lui, il m’a plutôt impressionné. Quand il a
découvert l’intrus, il a à peine froncé un sourcil :
il l’a soigneusement enveloppé dans une feuille de
salade et l’a avalé
sans broncher.
Le plus drôle,
je trouve, c’était M. Terrier, le chef du département
informatique. Quand il a vu l’asticot, il a eu un hoquet si
violent que ses lunettes ont dégringolé dans son
assiette. Il les a repêchées et les a remises sur son nez,
puis il a fixé la pauvre bête d’un
air horrifié comme si elle allait lui sauter à la figure.
Ça a bien duré deux minutes. Alors,
je l’ai un peu aidé. J’ai demandé : - Vous n’aimez
pas les crevettes, monsieur Terrier ? Il a balbutié :
« Si, si…
c'est-à-dire non… je veux dire oui… oui, bien sûr… » Et,
courageusement, il s’est lancé.
Il a avalé l’asticot, d’un seul coup, avec un énorme
morceau de pain, puis il a vidé un verre d’eau pour
faire passer le tout. Oh, la tête qu’il faisait ! J’ai
dû me cacher derrière ma serviette tellement je riais.
Mais, brusquement, mon
père m’a rappelé à l’ordre
: - Jean- Victor, dépêche-toi de manger. Tout
le monde a fini depuis longtemps. Il avait sa voix de
président-directeur général. Alors, je
n’ai pas discuté. En trois coups de fourchette, j’ai
avalé ma salade. Et l’asticot.
Cap comentari:
Publica un comentari a l'entrada